Paresse. Procrastination. Oisiveté. Acédie. La paresse (du latin pigritia) est une propension à ne rien faire, une répugnance au travail ou à l’effort. Considérée comme un péché capital par la religion catholique (en réalité dans ce cas il s’agit de l’acédie, c’est-à-dire la paresse spirituelle, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle), […]
Paresse. Procrastination. Oisiveté. Acédie.
La paresse (du latin pigritia) est une propension à ne rien faire, une répugnance au travail ou à l’effort.
Considérée comme un péché capital par la religion catholique (en réalité dans ce cas il s’agit de l’acédie, c’est-à-dire la paresse spirituelle, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle), elle est élevée au rang de valeur par d’autres courants plus modernes.
Paresser, ce n’est pas ce que l’on croit
Depuis, un certain nombre de psychiatres et autres chercheurs, philosophes, écrivains ou sociologues en font régulièrement l’éloge. Paresser, ce n’est pas ne rien faire. C’est écouter la respiration du monde, se mettre à son rythme. Ralentir, se laisser aller à la contemplation, à la rêverie. Et donc à la création. Paresser, c’est résister. Résister au bruit, à la fureur, à la course effrénée au profit, à la compétition.
Halte à l’activisme forcené des mercredis pour les enfants
Par exemple, le psychiatre Patrick Lemoine, spécialiste réputé des troubles du sommeil et de la dépression, a souvent fait dans les médias l’éloge de l’oisiveté. “Halte à l’activisme forcené des mercredis”, explique-t-il, en s’inquiétant de constater, que “plus ça va, moins les parents supportent de voir leurs enfants glander alors que l’inactivité, l’ennui, même, sur une durée limitée, permet à l’enfant de développer son imagination et son indépendance”. Et de prendre Einstein lui-même, comme exemple, qui disait s’être beaucoup ennuyé quand il était enfant. Il exhorte donc les parents à faire cesser la frénésie des activités extra-scolaires : “Le mercredi, cessez de courir avec votre progéniture sous le bras, de l’entraînement de foot, au cours de danse… de la piscine, aux leçons de rattrapage… et surtout laissez les bailler aux corneilles.”
Idem pour les grands
Quant à Andrew Smart, chercheur, il défend dans son ouvrage « Auto-Pilot, the art and science of doing nothing », le droit à ne rien faire et souligne les risques du stress, qui serait aussi dangereux que le tabac.
Selon ces experts de l’âme humaine, il est important de se couper du monde extérieur plusieurs fois par jour. Selon les gens, on peut avoir besoin soit de courtes pauses, de temps en temps, soit de beaucoup plus. Pour certaines personnes, ces pauses peuvent durer jusqu’à plusieurs mois. Le type d’inactivité, sa durée ou sa longueur sont différents pour chaque personne. Les personnes créatives ont parfois besoin de ne faire vraiment rien, littéralement, comme rester allongé à regarder le plafond.
Les bénéfices de l’inactivité
Ce que nous ignorons souvent, c’est que notre cerveau fonctionne beaucoup en réalité quand nous sommes allongés à ne rien faire. Il se met en pilote automatique et devient très actif lorsque nous prenons le temps de ne rien faire. Cet état lui permet de travailler sur ce qui se passe intérieurement, dans notre conscience. C’est à ce moment-là que l’on commence à pouvoir découvrir ce qui se passe sous la surface, dans notre inconscient et à mieux comprendre nos émotions. Cela permet de développer plus de créativité en permettant à notre cerveau de trouver des connexions différentes, variées voire originales entre les choses. Newton, Descartes et Archimède auraient tous eu leurs plus grandes révélations alors qu’ils étaient assis à ne rien faire.
Pour faire simple, notre cerveau est toujours en fonctionnement, il n’est jamais au repos. Mais nous vivons dans une culture qui stigmatise le fait de ne rien faire en appelant ça de la paresse. Ce qui nous fait nous sentir coupable quand nous ne faisons rien. Mais avec notre compréhension actuelle du cerveau, on voit qu’être paresseux est en fait nécessaire à notre esprit et à notre santé à long terme. Si nous sommes toujours concentrés sur des choses à faire, à planifier et à organiser, notre cerveau réagit en relâchant des hormones de stress et en se mettant dans un état d’hyper-vigilance qui fait souffrir et entrave notre capacité à penser clairement. Ces spécialistes préconisent de travailler moins, mais mieux. Et d’après eux, les preuves scientifiques et cliniques de cela sont de plus en plus frappantes. Et certains font la comparaison avec la cigarette. Il y a cinquante ans, personne ne pensait que la cigarette était mauvaise, maintenant, même les fumeurs savent qu’elle est très dangereuse. Pour eux, il en est de même avec l’éthique du travail.
Maintenir son cerveau en perpétuelle activité serait risqué
Les personnes qui travaillent pendant de nombreuses heures d’affilée ont 40% de plus de chances d’avoir des maladies cardiaques. Et même à court–terme, les risques sont vraiment dangereux. Au Japon, ils ont même créé le mot “karoushi” qui signifie la “mort par excès de travail”. De jeunes ingénieurs, pourtant en bonne santé, travaillent parfois jusqu’à cent heures par semaine et se présentent au bureau un lundi matin où ils meurent d’une crise cardiaque inattendue. Ces cas sont rares et extrêmes, mais pas si différents des gens qui travaillent trop pendant trente ans et finissent par développer une maladie cardiaque. Pour Andrew Smart aussi c’est notre moral et notre créativité qui souffrent lorsque l’on ne lève jamais le pieds.
Le fait de travailler de nombreuses heures d’affilées serait donc clairement associé avec une mort prématurée, des maladies cardiaques et des problèmes psychologiques comme la dépression. Alors cessons une bonne fois pour toute de culpabiliser de ne rien faire.
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