Face à un usage excessif ou à une dépendance problématique, il est essentiel de se positionner en tant qu’adulte responsable et ne pas hésiter à verbaliser son inquiétude, son interdiction « je ne veux pas que tu fumes ».
Lorsque vous vous apercevez que votre ado se met à consommer du cannabis, pas simple d’adopter la réaction adéquate.
La préconisation de la plupart des spécialistes : ni rigueur extrême, ni complaisance et surtout entretenir le dialogue. Ce qui permet si votre ado a confiance en vous et vous parle de faire l’air de rien de la prévention.
Mais à partir de quel niveau de consommation d’alcool ou de drogue doit-on vraiment s’inquiéter ?
Face à un usage excessif ou à une dépendance problématique, il est essentiel de se positionner en tant qu’adulte responsable et ne pas hésiter à verbaliser son inquiétude, son interdiction « je ne veux pas que tu fumes ».
On peut aussi étayer son propos en informant son enfant sur les risques pour sa santé, son avenir. Le plus gros risque concerne le long terme : des consommations excessives de produits neurotoxiques peuvent avoir des incidences sur les résultats scolaires et le niveau de vie futur, car elles sont en lien avec une baisse des capacités mentales. Le cannabis provoque, par exemple, des pertes de mémoire, des problèmes de concentration, il diminue la capacité à apprendre des choses nouvelles et affaiblit la vigilance. Mais tenir un discours alarmiste et se mettre en colère n’aura vraisemblablement que peu d’effets. « Bien qu’aujourd’hui les substances que l’on trouve ont des principes actifs beaucoup plus élevés que dans le passé, la consommation pathologique de ces substances ne se définit pas par le niveau d’intoxication. Le critère est plutôt la perte de contrôle, avec la poursuite du comportement malgré des conséquences négatives. » Ainsi, un adolescent qui fume du cannabis la journée et reste heureux de sortir avec des amis et obtient de bons résultats scolaires n’est pas en danger. En revanche, nous explique Alain Ephraïm, qui a dirigé toute sa vie des établissements étatiques dans l’univers de la prévention des drogues en Ile-de-France. « celui qui persiste à consommer, voire à en revendiquer le droit, malgré des sautes d’humeur et un désinvestissement scolaire, est plus inquiétant ». Pour ce spécialiste des addictions : « quand c’est juste de temps en temps, pas trop et que ça reste en de rares occasions festives, rien ne sert de s’alarmer si ce n’est que plus on commence jeune, plus on risque d’être séduit par drogues et alcool au cours de sa vie. »
De quelle manière peut-on aider ces jeunes à en finir avec ces consommations ?
La baisse du niveau de consommation, voire l’arrêt, s’obtient progressivement à travers un chemin émaillé de quelques rechutes. Mais la prise en charge est longue en consultation, l’hospitalisation n’ayant qu’un intérêt limité. Le soutien aux familles par des spécialistes semble essentiel, car les parents, surtout au sein de familles monoparentales, sont en situation difficile. Les attitudes trop rigides de leur part réveillent l’opposition de l’enfant et la position de complaisance, aggrave la consommation et disqualifie les soignants. Avoir pour objectif de faire émerger une demande d’aide de la part de leur enfant peut s’avérer essentiel.
Que faut-il craindre ?
Outre les méfaits sur la santé surtout très jeune quand le cerveau est encore en plein développement, il est également important de savoir que fumer des joints a des conséquences pénales : la conduite de votre enfant vous engage non seulement vis-à-vis de la justice, mais elle l’engage aussi à titre personnel. En effet, la législation française interdit et pénalise l’usage illicite de toute substance classée comme stupéfiant. Le délit est sanctionné d’une peine pouvant aller jusqu’à un an de prison et 3 750 € d’amende.
En cas de doute, d’inquiétude ou de consommation excessive et d’addiction, à qui s’adresser ?
La consommation abusive de substances psychoactives est toujours un indicateur, chez l’adolescent, de difficultés affectives ou de problématiques familiales. « Il est important d’avoir en tête qu’il y a souvent des signes avant coureurs, nous indique Alain Ephraim, et de renchérir : questionnons la qualité de temps et d’échanges passé avec nos enfants. Les écouter, les entourer, les rassurer, leur donner confiance en eux demande beaucoup de temps de qualité et quand on est parent célibataire, que l’on travaille, on manque de ce temps… ».
Le bon thérapeute est celui qui, au-delà de ses consommations, va s’intéresser aux difficultés de son patient. Le meilleur interlocuteur est celui qui sera reconnu comme tel par l’adolescent et ce n’est pas toujours celui choisi par les parents. Mais un premier soignant, médecin de famille, psychologue, psychiatre, addictologie, ou même sophrologue permettra déjà un contact avec le système de soins.
Si vous ne parvenez pas ou plus à gérer la situation, il est essentiel de vous faire aider, accompagner. En France, il existe 300 centres où se déroulent des consultations jeunes consommateurs. Vous pouvez aussi proposer à votre enfant de lire des documents d’information et l’inciter à en parler à un médecin, au médecin de famille déjà par exemple. Autre solution, se faire eux-mêmes aider par des conseils, des sites ou consulter un spécialiste.
Les numéros d’écoute et d’information dirigent vers des structures d’accueil :
- Drogues info service au 0 800 23 13 13, de 8h à 2h, appel gratuit depuis un poste fixe
- écoute cannabis au 0 980 980 940,
- Interservice Parents au 01 44 93 44 93, ecoledesparents.org
- Les associations de parents, comme La Luciole, proposent une écoute anonyme et gratuite au 01 40 34 17 66, laluciole.info Il existe des consultations destinées aux jeunes consommateurs, elles sont gratuites et anonymes.
Quelques chiffres clés
Les Français sont les plus jeunes consommateurs de cannabis en Europe. Ainsi, entre 15 et 16 ans, près d’un jeune sur trois en a déjà consommé au moins une fois, comme le rappelait en juillet l’observatoire européen des drogues et des toxicomanies. À 17 ans, ils sont 42 %…
En outre, ils ont fumé au moins une fois du cannabis :
– à 14-15 ans, 25 % des garçons et 17 % des filles
– à 16-17 ans, 48 % des garçons et 41 % des filles
– à 18 ans, 66 % des garçons et 52 % des filles
Ils en fument régulièrement :
– 5 % des 14-15 ans
– et 16 % des 16-17 ans.
Sources : Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT, chiffres 2003-2004)
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